Aujou'hui il pleut...

Ce matin, comme beaucoup d'autres dans ma vie, j'ai l'impression que rien ne pourrait me pousser hors de mon lit. L'idée de bouger, pour manger ou voir quelqu'un, ne m'apporte aucune envie, rien ne me tente. Ce matin, il est vrai que je me rend compte que cela faisait longtemps que je n'avais plus été dans cet état. Et alors que cela fait des heures que je reste là, sans rien faire, sans avoir envie de quoi que ce soit, mon regard est attiré vers la fenêtre, enfin plus précisément vers ce qu'il se passe derrière celle-ci. Mes oreilles ne m'avaient pas trompées, il pleut. Soudain, je me sens attirée par l'extérieur, et mes pas me mènent devant ma porte. Le vent est léger, il fait froid, mais sans que ne soit insupportable. Il est déjà tard, bientôt le soleil sera déjà couché, tout est sombre. Mais alors que les gouttes tombent lentement sur ma peau, sur mon visage, je me sens bien. Ce monde semble avoir retrouvés certaines de ses couleurs, et je n'ai plus qu'une envie : rester la des heures durant. Le bruit des feuilles, de l'eau qui s'écoule... Toutes ces choses, qui pourraient paraître dignes d'une des scènes les plus tragiques d'un mauvais film romantique, me font me sentir bien.
Me vient alors à l'esprit cette journée, il y a peu. Encore une fois, je m'étais sentie vide, et les nuages sombres m'avaient attirés jusqu'à l'eau. Mais ce jour-là, la pluie n'est pas venue, et mon esprit ne cessait pas de se tourmenter. Les rayons du soleil sur l'eau, le chant des oiseaux, l'écoulement de ce liquide qui m'apaise habituellement, tout ça était devenu vide de sens, vide d'une quelconque beauté... Les cigarettes que je fumais les unes après les autres, elles ne m'apportaient rien, je réessayais, espérant en trouver une qui m’apaiserait, mais je ne sentais que la fumée bruler ma gorge, tout en ayant l'impression que ce phénomène ne faisait pas partie de moi. La seule chose qui semblait m'attirer était le fond de l'eau sombre, je voulais m'y jeter, sans réellement m'y décider. Assise au bord de l'eau, je ne savais quoi faire. J'avais l'impression que mon corps hurlait : 'tu dois vivre!', mais les susurrement aux airs libérateurs de mon âme était tellement plus fort, elle glissait doucement à mon oreille : 'ta vie n'est pas ici.'
Mon corps et mon âme se disputèrent longtemps ainsi, et moi je ne trouvais rien à répondre... Je voulais me jeter dans cette sombre masse liquide, pas pour en mourir, mais pour sentir, lorsque je tomberais, que je voulais vivre au fond de moi. Peut-être que j'aurais opté pour cette solution, si une âme ne m'avait pas remarquée. Comme un ange gardien, elle est arrivée sur son vélo, et elle m'a parlé. Je ne l'avais croisée que furtivement avant, ne lui parlant que peu, mais d'un coup, j'avais l'impression qu'elle tenait entre ses mains la solution pour me sauver la vie. Car je savais que ce mal qui me rongeait reviendrait, car il n'était jamais réellement partit... Je l'oubliais, quand j'étais avec les autres, mais la solitude le faisait ressurgir terriblement vite. Elle, peut-être qu'elle pourrait m'aider à l'exterminer une bonne fois pour toute... C'est ce que j’espérais, et ce que j'espère encore...
Mais aujourd'hui, il pleut... Et cela suffit pour me calmer, cette fois-ci. Je sais qu'il faut que je la voie, encore une fois, qu'elle me parle, qu'elle m'apprenne.
Aujourd'hui, je me coucherais, étrange, pas entièrement vide, mais pas tout-à-fait bien non plus... Et demain, avec les gens, tout ira mieux... Du moins, pour un moment.